Par Les Damné.E.S De La Terre, Des Voix De Luttes 1969-1988

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2018

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    TRACKLIST

    1. Jean Marie Tjibaou - Discours Melanesia 2000 (Kanaki 1974) 00:31

    2. Joby Bernabé - La logique du pourrissement (Madinina 1985) 06:12

    3. Lena Lesca - Aux tortionnaires (France 1978) 04:08

    4. Alfred Panou & l'Art Ensemble Of Chicago - Je suis un sauvage (Benin & USA 1970) 04:09

    5. Léon Gontran Damas - Il est des nuits (Guyane 1988) 01:10

    6. Sliman Azem & Cheikh Nourredine - La carte de residence (El Djazair 1979) 05:08

    7. Manno Charlemagne - Le mal du pays (Ayiti 1984) 02:17

    8. Guy Cornely - Où sont les tam tam (Karukera 1969) 02:23

    9. Groupement Culturel Renault - Cadences 1 (France 1973) 05:21

    10. Colette Magny - La pieuvre (France 1972) 03:09

    11. Salah Sadaoui - Demenagement (El Djazair 1985) 05:18

    12. Vo Nguyen Giap - Extrait de discours (Vietnam 1976) 00:38

    13. Les colombes de la révolution - Hommage à Mohamed Maïga (Burkina Faso - 1985) 04:08

    14. Hô Chi Minh - Arbitrer le conflit (Vietnam 1963) 00:12

    15. Peloquin Sauvageau - Monsieur l’indien (Quebec 1972) 06:09

    16. Francis Bebey - On Les Aime Bien (Kamerun 1979) 03:18

    17. Léon Gontran Damas - Blanchi (Guyane 1988) 01:27

    18. Groupement Culturel Renault - Cadences 2 (France 1973) 03:28

    19. Pierre Akendengue - Le trottoir d’en face (Gabon 1974) 03:30

    20. Eugene Mona - Pitié (Madinina 1972) 04:35

    21. Dane Belany - Complexium - After Aimé Césaire (France & USA 1975) 04:03

    22. Théâtre El Assifa - Extrait de Ca travaille, ça travaille et ça ferme sa gueule (Maurice 1975) 00:17

    23. Collectif le temps des cerises - Versailles (France & Tunisie) 03:03

    24. Abdoulaye Cissé - Les vautours (Burkina Faso 1978) 04:56


    DESCRIPTION

    Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l'énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d'immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des "damné.e.s de la terre". Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque. 

    Inutile de chercher dans ce recueil le morceau "exotique et funky", extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre "blues" dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques. 

    Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l'époque et des pays dont proviennent les morceaux.  

    Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d'identification, un oubli de l'histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu'elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. A la jonction des luttes de libération des pays d'origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l'Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d'en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations. 

    Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire. 

    Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d'être refermé, nous plongeant dans l'individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses. 

    Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l'indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique. 

    Nous pouvons être tous d'accord, ça ne sert à rien s'il n'y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c'est qu'avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d'hier aux diasporas et subalternes d'aujourd'hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste.   

    " Voir ce qui n'avait pas lieu d'être vu, faire entendre comme discours ce qui n'était entendu que comme un bruit. " Jacques Rancière 


    Rocé 


    *** 


    I’m part of the generation that saw the rise of French rap, and along with it, a real craze for this music created by the children of second and third generation immigrants. But I wanted to go beyond rap, to dig deeper into Francophone artists who convey a message of poetic urgency, of sensitive poetry on the edge, committed to a cause despite itself, because their environment gives them no choice. The poetry of the "damné.e.s de la terre", “the wretched of this earth”. In the shadow of high-profile singer-songwriters are women and men who became artists just for the time it took to release a single record. 

    There’s no use trying to find the “exotic and funky” track in this collection, like a piece of folklore made for French metropolitan consumption. These rhythms and lyrics are wrapped in their own tough and sincere kind of blues. The French language unites regions of the world that bear common burdens. Geopolitics and emotions are intermixed. The words of the ancients resonate all the way into the ears of the kids of today, children of the diaspora. Many artists present in this collection didn’t have the good fortune of finding a receptive audience at the time; I think that current issues around migration and identity will give special resonance to these words and this music. 

    Two historians, Naïma Yahi and Amzat Boukari-Yabara, have written the liner notes for this record. They describe the context of the time and in the countries where these tracks originated. 

    This project, which is both musical and heritage-related, meets a specific need: bringing forth (and back) these voices for new generations living in France who lack identification with something, a historical omission of their parents’ story as part of the political and cultural landscape they cross through as they grow up. It writes an alternate history of music in French. At the crossroads of the liberation struggles in the mother countries, the fight for workers’ rights, and of lives in exile, it shows us an era when struggles created brotherhood, beliefs, dignity, links between oppressed peoples, and convergences that the History taught in schoolbooks doesn’t address. The way I see it, it’s crucial to pass on these moments when anything was possible, so that they infiltrate and disperse the bleak mood that new generations are growing up with. 

    The children of the diaspora, as well as those of working men and women, need spaces where their parents’ history is passed on, these parents who sacrificed for years within movements or in exile and have chosen quiet integration for their children, pointing toward a future without all the heavy weight of memory. The past isn’t easily transmitted when it’s burdened with taboos and when you consider your children to be free and safe, because they were born in France. But our elders’ struggles, in light of current ones, have incredible value and are truly useful. The present does a lot better when it has a memory. 

    This record is thus a declaration, a piece of memory to show us that the window of possibilities was open for a short time, before being closed up again, plunging us into individualism, a short-term outlook, and a lack of projects to improve society. The absence of these stories as part of History deprives us of hope, of the concept of brotherhood, of resistance and of directions for self-defense. The current age imposes upon us its dystopian fictions and stories of failure and dead ends. 

    The fossilized groove in these records helped me discover artists and intellectuals who offered so many solutions. We know so little about Frantz Fanon, this Martiniquais who championed the Algerian cause; we know far too little about the great Franklin Boukaka, the Congolese artist who used a song to pay tribute to Moroccan politician Mehdi Ben Barka. There was solidarity between students from Guadeloupe fighting for the independence of this island and a Corsican militant from the FLNC who decided to host their music on his label. 

    We can all agree on one thing: there’s no point if we don’t have a common purpose. I don’t know what tomorrow will bring, but what I do know is that, with memory, we can add the power and unity of the peoples of days gone by to the diaspora and the downtrodden of today. We can place ourselves at the very heart of the story that’s told, so we can break with the rationale of an imperialist view of history. 

    "See what wasn’t meant to be seen, make loud and clear voices speaking what was only heard as noise. " Jacques Rancière 


    Rocé